Sur le plan international, le 22 mai marque la journée mondiale pour la biodiversité. Une date importante qui permet de valoriser et sensibiliser le grand public à l’importance d’une évolution intense et rapide de nos pratiques vis-à-vis de la faune et la flore menacées.
En Martinique la journée du 22 mai fait référence à une autre moment histoire, celle de l’abolition de l’esclavage. Néanmoins cette date évolue en fonction des pays. En Guyane la date retenue est celle du 10 juin, à Mayotte il s’agit du 10 mai ou encore le 27 mai pour la Guadeloupe.
Un pêle-mêle qui illustre la complexité de l’histoire de l’abolition de l’esclavage.
Pour mieux comprendre, petit saut dans l’histoire.
Ces jours fériés ont été institués par une loi de 1983. «C’était une demande des assemblées locales, entérinée par Mitterrand après son arrivée au pouvoir. Une circulaire détermine ces jours en fonction de jours historiques», explique Myriam Cottias, directrice du Centre International de Recherches sur les esclavages et post-esclavages (CIRESC).
Alors que le décret Schoelcher d’abolition de l’esclavage est pris à Paris le 27 avril 1848, la nouvelle met quelques temps à atteindre les différentes colonies françaises, même si elle arriva plus vite que les planteurs esclavagistes ne l’auraient souhaité. Ainsi, en Martinique, le jour de commémoration renvoie au 22 mai 1848, date d’un soulèvement d’esclaves. Car les esclaves sont au courant, les informations circulent entre les deux côtés de l’Atlantique. Le décret du 27 avril prévoyait l’abolition de l’esclavage deux mois après pour garantir la récolte de la canne à sucre mais en Martinique, les esclaves, informés des décisions parisiennes, imposent leur propre calendrier. Le 22 mai, le gouverneur de l’île décide d’abolir l’esclavage sans attendre l’arrivée officielle du décret, qui y concerne 75.000 esclaves.
En Guadeloupe, de peur que la révolte martiniquaise ne se propage, le gouverneur promulgue l’abolition de l’esclavage le 27 mai. Ce sont ces deux dates, celle du 22 mai pour la Martinique et du 27 pour la Guadeloupe, qui sont alors retenues pour les commémorations aux Antilles. En Guyane, elles ont lieu le 10 juin, date à laquelle le commissaire Pariset promulgue l’abolition de l’esclavage sur le territoire en 1848, bien que celle-ci n’ait été effective que deux mois plus tard, soit le 10 août 1848.
Les îles de Mayotte et de La Réunion ont également une histoire particulière. La première va connaître l’abolition de l’esclavage avant toutes les autres colonies françaises puisqu’elle est promulguée dès 1846. « Mayotte est considérée comme une sorte de laboratoire, il s’agissait de voir ce qu’il se passerait si on abolissait l’esclavage dans une colonie« . précise Myriam Cottias.
Quant à La Réunion, malgré le décret du 27 avril 1848, « les colons vont résister à cette abolition. Finalement, à force de tensions et de négociation, l’abolition de l’esclavage sera promulguée le 20 décembre.
Malgré les différentes dates retenues relatives à l’histoire de chaque territoire, il aura fallu attendre 1983 pour que ces journées soient fériées en mémoire des combats des esclaves pour gagner leur liberté et ne pas omettre l’histoire.
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